Immunodétection des prions dans la rate de souris expérimentalement infectées. Vert : prions ; Rouge : lymphocytes B (anticorps B220).

Le taux d’expression de la protéine prion PrP sous-tend le tropisme des prions

Le taux d’expression de la protéine prion PrP sous-tend le tropisme des prions pour le tissu lymphoïde

Les prions de mammifères sont des pathogènes neurotoxiques formés d’agrégats d’une protéine de l’hôte anormalement repliée, la protéine prion ou PrP. Chez l’homme et les espèces de rente atteintes, différentes souches de prions sont recensées et peuvent coexister, en proportions variables, dans le cerveau. Les souches correspondent à différents conformères de la PrP anormale.

La capacité des prions à se répliquer dans le tissu lymphoïde, notamment la rate, constitue l’une des caractéristiques biologiques différenciant les souches. Il peut en résulter des porteurs asymptomatiques de la maladie dans ce tissu. Les mécanismes sous-jacents à ce tropisme spécifique restent peu compris.
 
Sur la base de leurs précédentes observations selon lesquelles le dosage de la PrP de l’hôte déterminait quelle souche était préférentiellement exprimée dans le cerveau en cas de co-propagation, les chercheurs du laboratoire VIM (INRAE/UPSaclay/UVSQ, Jouy-en-Josas) ont étudié si les niveaux de PrP pouvaient également orienter la sélection de souche dans la rate, en raison des faibles niveaux physiologiques de la protéine.
 
Dans un article paru dans PLoS Pathogens, les chercheurs démontrent pour plusieurs souches de prions, se co-propageant à des niveaux variables en fonction du taux de PrP dans le cerveau, que celles nécessitant des niveaux élevés de PrP se répliquent difficilement dans la rate, alors que celles ayant besoin d’un faible taux de PrP se répliquent très efficacement. Il en résulte un tableau clinique complexe où différentes souches peuvent se répliquer dans la rate et le cerveau.
 
Les niveaux d'expression de la PrP contribuent donc au tropisme (ou à l’absence de tropisme) des prions pour le tissu lymphoïde. Au plan diagnostique, ces données préconisent de typer les tissus ou fluides périphériques pour une identification complète des prions circulant chez les mammifères sensibles.

Voir aussi

Vincent Béringue, Philippe Tixador, Olivier Andréoletti, Fabienne Reine, Johan Castille, Thanh-Lan Laï, Annick Le Dur, Aude Laisné, Laetitia Herzog, Bruno Passet, Human Rezaei, Jean-Luc Vilotte, Hubert Laude (2020) Host prion protein expression levels impact prion tropism for the spleen. PLOS Pathog 16:e1008283 https://doi.org/10.1371/journal.ppat.1008283

Date de modification : 14 septembre 2023 | Date de création : 11 janvier 2021 | Rédaction : V. Beringue - Edition P. Huan