PB1-F2 est un facteur de virulence du virus de la grippe (virus influenza de type A ou VIA) connu pour augmenter la pathogénicité des virus grippaux chez les mammifères. PB1-F2 est une protéine intrinsèquement désordonnée qui a tendance à former des fibres de type amyloïde, cependant, les relations entre les structures adoptées par PB1-F2 et ses fonctions sont inconnues.

Dans une étude parue dans Journal of Biological Chemistry, Ronan Le Goffic et ses collaborateurs de l’Unité de Virologie et Immunologie Moléculaire – VIM (INRAE/UVSQ/UPSaclay, Jouy-en-Josas) ont utilisé les lignes de lumière SMIS (spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier) et DISCO (microscopie dans l’ultraviolet profond) du synchrotron SOLEIL pour déterminer la présence de fibres de PB1-F2 dans les poumons de souris infectées par le VIA. Afin d'étudier la corrélation entre la structure de PB1-F2 et la réponse inflammatoire, des souris transgéniques exprimant la luciférase sous le contrôle d'un promoteur NF-kB, permettant le suivi in vivo de l'inflammation, ont été instillées par voie intranasale avec des formes monomériques, fibrillées ou tronquées de PB1-F2 recombinante.

L’analyse de la réponse inflammatoire par imagerie intra-vitale, étayée par des dosages de cytokines, montre clairement l'effet pro-inflammatoire des fibres de PB1-F2. En revanche, la région N-terminale de PB1-F2, incapable de se fibriller, n’induit pas de réponse inflammatoire. L'instillation d’une PB1-F2 issue d’un virus H5N1 hautement pathogène induit une réponse inflammatoire plus importante que celle d’un virus H1N1, suggérant des mécanismes de virulence dépendant de la séquence PB1-F2. Enfin, l’emploi de la pléthysmographie « corps entier » a permis de quantifier les effets des différentes formes de PB1-F2 sur les paramètres respiratoires et de démontrer que l'inflammation et la détresse respiratoire induites par PB1-F2 sont étroitement corrélées au polymorphisme de sa séquence et à son statut d'oligomérisation.