Comparaison des répertoires clonotypiques IgH du pronéphros et de la rate d'un poisson téléostéen

Comparaison des répertoires clonotypiques IgH du pronéphros et de la rate d'un poisson téléostéen lors d’une infection virale systémique

Chez les poissons, qui sont dépourvus de ganglions lymphatiques, la cinétique et la localisation des réponses B restent mal caractérisées. Le pronéphros est le site de différenciation des cellules B, et la niche où persistent les plasmocytes. Dans une étude collaborative parue dans Journal of Immunology, des chercheurs de l’unité Virologie et Immunologie Moléculaires – VIM (INRAE/UVSQ/UPSaclay, Jouy-en-Josas) ont analysé le répertoire IgHμ de la truite arc-en-ciel dans ce tissu après immunisation primaire et boost avec le rhabdovirus de la septicémie hémorragique virale (VSHV).

Une approche de séquençage de « 5′ RACE » pour caractériser les modifications du répertoire IgHμ complet a donné accès à l'utilisation des VH dans les réarrangements V(D)J exprimés et à la diversité clonale. L'infection virale entraîne des modifications importantes du répertoire des cellules B du pronéphros, impliquant plusieurs sous-groupes de VH après infection primaire. Des changements modestes persistent 5 mois plus tard, dont les expansions clonales dites « publiques » (cad partagées par tous les individus). La réponse publique IgM impliquant les gènes ighv1-18 et ighj5, précédemment décrite dans la rate, est donc également observée dans le pronéphros des poissons infectés. Cependant, la distribution des clonotypes les plus fréquents montre que les cellules B du pronéphros et de la rate constituent des compartiments distincts. Curieusement, après le boost, la fréquence des clonotypes anti-VHSV diminue à la fois dans le pronéphros et la rate, ce qui pose de nouvelles questions sur la circulation des cellules B.

Un meilleur suivi de la cinétique et de la localisation des réponses B sera essentiel pour comprendre les mécanismes de la mémoire B et de la formation des plasmocytes.

 

Légende Figure : Heatmap d'expression des clonotypes les plus partagés chez les poissons immunisés. Les 50 clonotypes les plus partagés dans tous les groupes immunisés ont été sélectionnés, et leur expression représentée dans les poissons de chaque groupe. Les principaux clonotypes ont pu être classés en quatre ensembles (set). Set 1 (barre jaune) : clonotypes détectés chez 8 à 16 poissons immunisés, constituant la réponse publique IGHV1-18/J3-5. Set 2 (barre verte) : clonotypes détectés chez 3 à 5 poissons immunisés (IGHV1, 6 et 9). La première ligne du set 2 agrège deux clonotypes exprimant le même CDR3 de 11AA {IGHV1-18 ou 1-42 / J3}. Le seul poisson dans lequel ce dernier est trouvé est dénoté par un "*". Set 3 (barre bleue) : clonotypes détectés chez un seul poisson immunisé (IGHV1,4, 6, 8, 9, 11, 12). Set 4 (barre grise) : clonotypes détectés chez 6 à 10 poissons immunisés et chez 3 à 8 poissons contrôles, avec des niveaux d'expression élevés à la fois chez les contrôles et les poissons immunisés IGHV.

Voir aussi

Rosario Castro, Susana Magadán, Luc Jouneau, Vanessa Mhana, Hang-Phuong Pham, Encarnita Mariotti-Ferrandiz, Adrien Six, François Huetz and Pierre Boudinot (2022) Clonotypic IgH Response against Systemic Viral infection in Pronephros and Spleen of a Teleost Fish. J Immunol 208:2573-2582

Date de création : 13 juin 2022 | Rédaction : PB