Une nouvelle molécule anti-virale candidate au traitement contre la COVID-19

Une nouvelle molécule anti-virale candidate au traitement contre la COVID-19 : une sorte d’agrafe moléculaire s’attache au génome viral et réduit la multiplication virale

Depuis début 2020, l’épidémie de COVID-19 a touché plus de 620 millions de personnes et fait plus de 6,5 millions de victimes dans le monde. Pendant ces trois années, des vagues épidémiques se sont enchainées avec l’émergence de nouveaux variants antigéniques. La vaccination généralisée à l’échelle mondiale a permis de protéger en partie les populations des formes graves de la COVID-19, mais les vaccins s’avèrent peu efficaces pour bloquer les chaines de transmissions du virus. Ainsi, le traitement des formes graves de COVID-19 sont toujours d’actualité, d’autant plus que de nouveaux variants pathogènes peuvent encore émerger. Les thérapies par oligonucléotides antisens connaissent déjà des succès pour traiter des maladies rares, des cancers et certaines infections virales.

Dans une étude parue dans Frontiers in Microbiology, des scientifiques des unités GABI (INRAE/AgroParisTech/UPSaclay, Jouy-en-Josas) et VIM (INRAE/UPSaclay, Jouy-en-Josas), en collaboration avec l’Universidad Andrés Bello (Santiago, Chili), proposent d’utiliser cette approche thérapeutique pour bloquer la multiplication du SARS-CoV-2 responsable de la COVID-19.

Pour les infections par des virus, il est possible de synthétiser une séquence d’acides nucléiques modifiés, capable de se fixer sur un site particulier de l’ARN viral (génomique et ARN messager). Cette séquence est appelée oligonucléotide antisens (ASO), car sa séquence en bases, est complémentaire à celle de l'ARN viral. Ainsi cet oligonucléotide antisens se fixe sur l’ARN viral telle « une agrafe moléculaire » ce qui aura pour conséquence de couper et inactiver le gène viral ciblé et ainsi bloquer la multiplication du virus SARS-CoV-2 par les cellules infectées.

Plusieurs oligonucléotides antisens ont été produit et testé en laboratoire. L’un d’entre eux réduit la multiplication virale de 71% dans des cellules humaines infectées en culture par rappot à des cellules traitées par une molécule placebo. Par chance, la séquence cible sur l’ARN viral est bien conservée dans l’ensemble des variants du SARS-CoV-2 (a, b, d, m et l’ensemble des omicrons en cours de diffusion). C’est une propriété intéressante qui doit permettre à notre molécule anti-virale d’être efficace contre les variants qui émergeront dans le futur. Des essais pré-cliniques sont en cours avec la collaboration de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort et les scientifiques recherchent un partenaire industriel pharmaceutique du domaine des thérapies ARN qui serait intéressé par le développement de nouvelles thérapies antivirales.

Ce projet a été financé par le fond ANR COVID-19 RA.

Voir aussi

Dhorne-Pollet S, Fitzpatrick C, Da Costa B, Bourgon C, Eléouët J-F, Meunier N, Burzio VA, Delmas B and Barrey E (2022) Antisense oligonucleotides targeting ORF1b block replication of severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 (SARS-CoV-2). Front Microbiol 13:915202

Date de création : 22 novembre 2022 | Rédaction : EB